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Un petit burger ? Scandale sanitaire, scandale d'Etat !

Le scénario de l’horreur : 780 tonnes de super steaks destinés à des associations caritatives œuvrant pour les plus démunis : Croix rouge française, Restos du coeur, Secours populaire et Fédération française des banques alimentaires.

 

FranceAgriMer, organisme public rattaché au Ministère de l’Agriculture et qui gère les marchés publics d’achat de denrées alimentaires pour le compte des Associations partenaires du FEAD (Fond Européen d’Aide aux plus Démunis),  a fait les courses en très très gros, ne retenant dans le cahier des charges, que le seul critère prix.

 

Sur l’appel d’offre, le produit attendu était 1 500 tonnes de steaks hachés surgelés de bœuf 15 % de MG  pour un montant de 5,2 millions d’euros.

 

https://centraledesmarches.com/marches-publics/Montreuil-cedex-FranceAgriMer-Achat-de-produits-alimentaires-divers-dans-le-cadre-de-la-campagne-2018-du-Fonds-Europeen-d-Aide-aux-plus-Demunis/3438761

 

Comme en 2015 et 2016 (rapport d’activité du FEAD), Le compte est bon pour l’entreprise costarmoricaine VOLDIS SAS qui n’a pour siège social à Loudéac dans les Côtes d’Armor qu’une boîte aux lettres. Elle remporte le marché en proposant un prix au kilo de 3.46 euros HT, donc 50% en dessous des normes habituelles les plus basses mais in fine cher pour du pâté d’amidon, de soja, de sous produits de viande, et de matière grasse.

 

L’avis d’attribution daté du 6 juin 2018 indique (selon le magazine Marianne) 3 lots de steaks pour des montants de 1.895.735 euros, 1.974.418 euros et 1.372.137 euros.

 

 

Quantitativement et qualitativement, l’affaire ne s’arrête pas là puisque sur les 1 500 tonnes prévues et probablement rétribuées, 780 tonnes ont effectivement été livrées et réparties depuis juillet 2018.

 

Qu’est-il advenu des 720 tonnes restantes correspondant à un montant de 2.5 millions ?

Qui est derrière Voldis, dirigé par Géraldine Barthélémy ?

Sur place, aucune entreprise spécialisée dans l’agroalimentaire mais une maison particulière appartenant à une commerçante de la commune.

A la même adresse « Flèche Intérim » contrôlée par un homme d’affaire de Loudéac, Valéry Le Helloco, PDG de Viktoria Invest, holding financier présent dans l’hôtellerie au Cambodge et l’immobilier en région parisienne. Ce groupe détient une part d’intérêt dans la Société Française des Casinos.

 

De la Bretagne en passant par Jersey, le Luxembourg et le Cambodge et très loin des abattoirs des Côtes d’Armor, l’entreprise VOLDIS se révèle être un empire financier qui se fournit auprès d’un industriel Polonais livrant directement les Associations.

 

Le rapport de Viktoria Invest de 2017 révèle que Valéry Le Helloco contrôle également « le Clézio Industrie », autre entreprise basée à Loudéac et qui détenait un abattoir « les Volailles de l’Odet », fermé sur décision préfectorale il y a deux mois  pour défauts sanitaires et risques pour la santé publique.

 

Beaucoup de zones d’ombre dans cette affaire qui voit intervenir de nombreux acteurs en France, à Bruxelles, en Pologne, mais encore ?

 

Pourtant, la  Direction Générale de la Cohésion Sociale évoquait dans un rapport de 2017, des dysfonctionnements anciens notamment :

  1.     l’absence de transparence dans la procédure de passation des marchés publics,
  2. de sérieuses insuffisances ne permettant pas de garantir la légalité et la régularité des dépenses déclarées à la Commission,
  3.  des déficiences des procédures permettant de garantir une piste d’audit adéquate,
  4.  l’absence de formalisation écrite des procédures,
  5. l’absence de lignes directrices relatives à l’éligibilité des bénéficiaires finaux,
  6. des défauts de procédures de contrôle interne et de prévention des risques.

https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/fead_-_rae_2017.pdf

Résultat, à l’époque, la FEAD avait interrompu ses paiements. Leur reprise n’est intervenue qu’après que FranceAgriMer se soit engagé à corriger ces irrégularités. Anomalies corrigées la preuve en est. Rappelons que ces steaks ont été achetés dans le cadre d’un marché financé par le fond européen dans le cadre d’un programme doté d’un budget de 557 millions d’Euros pour l’année 2018 et chapeauté par Bruxelles. Il soutient les actions menées par les pays de l’UE pour apporter une aide alimentaire et/ou une assistance matérielle basique aux plus démunis aux fins de faire sortir ces malheureux de l’exclusion sociale et la pauvreté.

Défaut de procédures, de contrôles internes et de prévention des risques ! Tromperie en bande organisée !

  

Tout va bien dans le meilleur des mondes.

 

"C’est de l’enfer des pauvres que l’ont fait le paradis des riches" «  Victor Hugo »

 

Elise Carboullec pour l'UPGCS 

 

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