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Le médicament cet inconnu, mieux appréhendé après la conférence d'Amine Ulmil au CTIAP de Cholet

L'actualité du Médiator est l'exemple par excellence des mésusages d'un médicament : une molécule identifiée pour ses propriétés  (amphétamine), récupérée et déclinée sous différentes formes par l'industrie pharmaceutique (Pondéral, Isoméride, Médiator), afin de répondre à un marché commercial juteux, celui de la recherche de la perte de poids ! 

Les patients, non informés des risques liés à cette molécule étaient demandeurs, les médecins furent prescripteurs, (défaut d'information ? La Justice tranchera),  L'AFFSAPS (agence de sécurité du médicament à l'époque) fut-elle aveugle et sourde, la Justice se prononcera prochainement. 

 

Mais bien d'autres mauvais usages sont à déplorer. 

 Plus de 10 000 personnes succomberaient chaque année en France, ce chiffre serait largement sous-estimé, d'après Amine Umlil, pharmacien attaché à l'unité fonctionnelle de pharmacovigilance du centre hospitalier de Cholet (Maine-et-Loire). 

 

En octobre 2017, dans un ouvrage intitulé 20 000 Plaise au Président de la République française (éditions Bod), il évaluait le nombre de morts par an liés aux médicaments,  à 20 000.

 

S'y ajoutent « plus de 130 000 hospitalisations », qui durent en moyenne une dizaine de jours. dans 45 à 70% des cas ces accidents « seraient évitables. 

 

Un rapport d'experts remis au ministère de la Santé en 2013 soulignait que la France était un « mauvais élève européen », en particulier parce qu'elle consomme beaucoup de médicaments, vraisemblablement trop. 

 

Les patients les plus à risque sont les personnes âgées. Entre 75 et 84 ans, qui consomment au minimum ou en moyenne,  quatre médicaments différents

 

Les signes d'alerte sont très banals: une fatigue excessive, une diminution de l'appétit, une perte de poids, des vertiges, des malaises, des troubles de l'équilibre, des chutes, des pertes de mémoire, des troubles digestifs ou urinaires, des palpitations, des troubles de la vision » etc...

Pour bien se soigner,il faut comprendre ce qu'est le médicament

C'était la première approche lors de la conférence d'Amine Umlil, savoir ce qu'est le médicament et lire les informations sur la boite qui est le premier vecteur de contact avec le patient. 

En espérant avoir bien enregistré les explications reçues lors de la conférence ... 

Pourquoi l'exemple du Doliprane ?

C'est très certainement l'une de molécule la plus utilisée, grâce à son intérêt thérapeutique, mais aussi dont le mésusage peut être très dangereux. 

 

D'abord, parce qu'il est en vente libre, non soumis à la délivrance d'une ordonnance, et trop longtemps mis  en tête de gondole comme les produits cosmétiques banalisant ainsi ses effets potentiels.  

 

Parce souvent aussi, le patient confond inconfort et douleur réelle, et a tendance à anticiper la prise du médicament, allant même parfois jusqu'à le prendre en effet préventif ce qui est une erreur lourde ! 

 

Parce que non vigilants à l'indication sur la molécule contenue, ici le paracétamol, les utilisateurs vont parfois utiliser d'autres produits de désignation commerciale différente mais correspondant à la même molécule d'origine et ainsi augmenter dangereusement la dose absorbée. Exemples : Doliprane, Actifed Rhume, Dafalgan, Clarix Etat Grippal, Efferalgan, Fervex Rhume, Humex Rhume, Ixprim, Lamaline sont tous des dérivés du paracétamol ou l'intégrant dans leur composition.

 

On comprend mieux le danger de prendre deux de ces médicaments à intervalles trop proches, sans cette information préalable. Les surdosages peuvent engendrer une toxicité irrémédiable pour le foie, notamment en cas de non-respect de l'intervalle de 4 prises sur 24 heures (soit un dose toutes les 6 heures).  

 

Le respect des règles de prescriptions, des dosages, des interactions médicamenteuses, des contre-indications liées à d'autres pathologies aurait évité à certains patients un grand nombre d'accidents dont malheureusement gravissimes parfois. 

 

Le laboratoire ne peut être  là incriminé, on est bien en présence d'un mésusage lié à l'information, à la banalisation de ce qu'est un médicament. Pourtant dans ce cas précis, la base de données de Santé Publique nous renseigne efficacement. 

http://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr/affichageDoc.php?specid=69309629&typedoc=N

 

Aux consommateurs d'apprendre que le médicament n'est pas un produit anodin ! Tout l'intérêt de la conférence au CTIAP de Cholet. 

Un autre aspect important, la forme d'administration choisie pour le médicament

Les médicaments sont proposés sous différentes formes pharmaceutiques 

  • Liquides pour usage oral
  1. Buvables : solutions, émulsions, suspension ( à diluer ou non )
  2. Préparations liquides concentrées,
  • poudres,
  1. granulé
  2. Sirops
  3. Potions 
  • Comprimés :  (environ 50/100 des médicaments): nus, enrobés, spéciaux ( effervescents solubles, dispersibles, gastro-résistants, à libération modifiée etc ..). Certains comprimés ont une forme sécable, d'autres non, et dans ce cas il faut trouver un dosage intermédiaire adapté, car on ne double pas le nombre de comprimés pour obtenir le bon dosage, et on ne coupe pas non plus un comprimé en deux s'il n'est pas prévu à cet effet, au risque d'en changer la biodisponibilité et la biodispersion ! Nous y reviendrons notamment dans un article sur les lévothyroxines. 
  • Capsules :
  1. gélules,
  2. capsules molles
  3. capsules gastro-résistantes 
  • Suppositoires : destiné à une prescription anale, il n'est pas inutile de rappeler qu'il doit être introduit par son côté plat en avant et non par le côté en ogive ... ( là je compte déjà les lecteurs qui pensent "mince, je les ai mis à l'envers toute ma vie ... lol). 
  • Gommes à mâcher
  • Pâtes officinales 
  • Lyophilisats  Etc  ... 

 

Le choix de ces formes correspond à l'identification initiale de la cible d'action sur l'organisme, à l'indication thérapeutique et au moment d'action ciblé lui-aussi ! 

 

Exemple une capsule gastro résistante a une cible d'action localisée au niveau de l'intestin et non de l'estomac, l'ouvrir annihile son action et peut dans ce contexte avoir un effet dangereux. De même, une forme à effet retard ( libération prolongée). 

 

Il est donc essentiel de respecter les indications d'administration indiquées dans les notices, et de se rapprocher de son médecin ou de son pharmacien si on rencontre un problème pour ingérer le médicament sous la forme administrée. 

 

Écraser le médicament, le dissoudre est dangereux ! 

 

Lors de la conférence, Amine Umlil a présenté des cas de décès liés à cette mauvaise observance des indications d'administration, vigilance donc ! 

VIGILANCE aussi sur les conditions de stockage, qui doivent  se faire dans un endroit sec, à l'abri de la lumière et de l'humidité, et sous des températures inférieures à 25°, et hors du réfrigérateur également sauf ceux remis sous enveloppe isotherme au départ de la pharmacie.  

Des accidents liés aux interactions d'autres médicaments ou au bol alimentaire.

Médecins, pharmaciens sont normalement informés de l'ensemble du traitement de leur patient avant la prescription d'un médicament. 

 

On peut cependant regretter qu'ils n'informent pas plus ceux-ci sur le respect du moment de la prise de ce dernier. 

Certains médicaments pris ensemble, vont avoir un effet annihilant leur intérêt thérapeutique voire un effet dangereux car ils vont changer le PH de l'organe cible d'action ! 

 

L'heure de prise est importante, l'éloignement ou au contraire la prise lors du repas sont des éléments déterminants pour un effet thérapeutique optimal ! 

 

C'est un élément à aborder lors d'une consultation médicale, et parfois le praticien aurait à reconsidérer le nombre de prescriptions ( notamment chez les personnes âgées) plutôt que de prendre le risque de ces interactions. 

 

Nous reviendrons rapidement sur les conseils liés à la prise de la lévothyroxine dans un article spécifique, car il est évident que pour les médicaments à marge thérapeutique étroite, la vigilance doit être renforcée. 

En résumé, le médicament n'est pas un produit de consommation ordinaire donc vigilance !

En cas de doute, on contacte son médecin, son pharmacien, le centre de pharmacovigilance de son secteur, ou une association de patients. 

 

Merci à Amine Umlil pour les informations recueillies lors de la conférence 

Pour en savoir plus : 

Elise Carboullec et Annie Notelet pour l'UPGCS 

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Commentaires: 1
  • #1

    josy chomienne (lundi, 03 février 2020 10:05)

    une conférence à laquelle j'aurais bien aimé assister