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La crise de l'hôpital ne laisse pas de place au covid long

Après deux années de crise sanitaire lié à la Covid, le système de santé français se trouve affaibli. Les lacunes et difficultés liés aux soins, déjà présentes auparavant n’ont fait que s’accroître, si bien que désormais elles sont visibles à tous les niveaux, hôpital, médecine de ville et touchent tous les professionnels de santé.

 

Actuellement, l’exemple le plus révélateur est l’état des services d’urgence en France, plus d’une centaine de services sont en grande difficulté, forcés de s’adapter à une situation de tension critique par des stratégies de fermetures partielles, de « délestage » (transfert de certains malades vers d’autres éta-

blissement), recours au plan blanc, régulation pour l’accès aux urgences ou mise en place de HAD (hospitalisation à domicile). Les conséquences, nous les connaissons tous : des délais d’attente interminables, les renvois à domicile sans réelle prise en charge, le manque de soutien ou de tact de la part de certains soignants usés par le rendement qu’on leur inflige, d’une perte de chance et des décès. Soignants, malades se retrouvent ainsi dans une situation d’insatisfaction et de malaise ; Le malade est choqué de ne pas être entendu, soigné avec humanité et le soignant, lui, est frustré de ne pas pouvoir parvenir à le faire...

 

Une médecine de ville débordée, les déserts médicaux et la fermeture des lits ces dernières années en sont les principales causes en provoquant une surcharge des urgences. Mais également le manque de personnel avec des effectifs réduits, 15000 soignants suspendus pour non vaccination depuis l’automne

dernier et de nombreuses démissions, car beaucoup sombrent vers un « burn-out » et ont le sentiment de perdre le sens, les valeurs de leur métier dans cette gestion déshumanisée de la santé, basée sur la rentabilité des actes (la fameuse T2A).

 

C’est dans ce contexte, de conditions de travail laborieuses et douloureuses, que le Ségur de la santé a permis en 2021 une revalorisation salariale des paramédicaux étendue à certains travailleurs sociaux et médicaux-sociaux en 2022. Mais le supplément financier ne permet pas d’avoir plus de bras, le travail

restant le même, leur quotidien n’a pas changé... le Ségur n’a pas encore permis aux soignants de retrouver du sens dans leur travail ; Une autre partie du Ségur est censée « simplifier les organisations et le quotidien des équipes de santé », visiblement, ce n’est pas encore en application...

 

Le 31 Mai, le président Macron a commandé « une mission flash » à Mr Braun, patron de SAMU-urgence France pour dresser un bilan des difficultés des urgences et proposer des solutions. Il doit présenter ses conclusions avant juillet ... Suspense...

Allons-nous avoir droit à la constatation habituelle du gouvernement :

le célèbre problème d’organisation source de tous les problèmes ?

ou pointer du doigt les professionnels malades ?

Espérons une analyse de fond de la situation qui prenne en compte l’ensemble du malaise !

 

Plus récemment, le 9 Juin, Mme Bourguignon, ministre de la santé pour une courte durée, a énoncé, au congrès des urgentistes, des mesures pour limiter des conséquences de cette crise hospitalière pendant l’été.

Ainsi les heures supplémentaires seront payées doublement pour les non médicaux ainsi que pour les médecins, les étudiants infirmiers et aides-soignants pourront exercer deux semaines avant l’obtention de leur diplôme, les retraités volontaires pourront revenir exercer et enfin les ARS seront à nouveau mobilisées pour coordonner le secteur public, privé et libéral.

 

Ces propositions interrogent...

La responsabilité précoce des pré-diplômés « balancés en service tendu » sans être secondés, dans leurs premières semaines d’exercice, ne risque –t-elle pas de les exposer trop vite à une remise en question professionnelle ?

Est-ce que les professionnels pourront travailler encore plus alors qu’ils sont déjà épuisés ?

 

La notion de ratio (rapport du nombre de patients/ professionnels) n’est toujours pas abordée ni à l’ordre du jour.

Il faut donc continuer à travailler plus pour gagner plus et assurer l’urgence, remettre à plus tard ce qui ne l’est pas, déprogrammer.

 

On peut se demander si réellement la qualité du soin et du relationnel avec le malade est pris en compte ?

Dans ce contexte, où la priorité de l’urgence n’est même plus assurée correctement, on comprend mieux pourquoi, malheureusement, les malades chroniques en paient les conséquences.

 

Dans un système de santé basé sur la solidarité et l’accès aux soins pour tous comme le nôtre, peut-on accepter cela ? Le Covid long en fait donc les frais, une maladie émergente qui se révèle chronique, qui doit à la fois apporter la preuve de son existence et réclamer des soins sur la durée.

 

C’est ainsi qu’actuellement, notre maladie se retrouve inaudible, secondaire.

 

En conséquence, il revient à nous, les malades de rappeler notre existence, nos besoins et nos droits, en tant que citoyen, à la prise en charge et à ce que des actions soient entreprises pour nous soigner.

 

L’UPGCS défend les intérêts des soignants et des malades depuis des années, et continue sans relâche.

 

Nous ne sommes pas des cas isolés, nous sommes des millions probablement, chacun peut agir et faire évoluer la cause !!

 

 

 

Nelly ECHINARD

Retrouvez le groupe de Nelly

Collectif Covid Long Auvergne-Rhône-Alpes

 

https://www.facebook.com/groups/330853898817421

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Commentaires: 1
  • #1

    Elise CArboullec (lundi, 01 août 2022 21:55)

    Très pertinent, comme d’habitude.