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Covid-19 , à la recherche des anticorps. : le point UPGCS sur l'immunité et les vaccins

C'est l'une des questions centrales dans la gestion médicale et politique de la pandémie de la COVID-19 et pour laquelle les experts et spécialistes n'ont toujours pas de réponse claire : celle de la nature immunitaire du SARS-Cov2 et de la protection qu'elle pourrait conférer aux personnes ayant été infectées.

 

Plusieurs travaux sont en cours.

Observant que la réponse immunologique des personnes atteintes de formes mineures reste mal caractérisée, des équipes du CHU de Strasbourg et de l'Institut Pasteur ont conduit une étude (préprint ici) portant sur 160 volontaires, membres du personnel hospitalier des deux sites, ayant développé une forme positive (PCR) sans nécessité d'hospitalisation. Les résultats ont été rendus publics.

Cette étude montre que les anticorps contre le SARS-Cov2 sont présents chez pratiquement tout le personnel testé  préalablement positif au PCR. l'activité neutralisante augmenterait au fil du temps, ce qui suggérerait une immunité potentiellement protectrice même si les taux sont faibles en cas de forme mineure. Ces résultats à confronter à d'autres, semblent encourageants mais n'ont été étudiés que sur 40 jours après le début des symptômes. 

Parallèlement deux études chinoises publiées sur le site de la revue "nature" ici 1 - qui s'inscrivent dans le contexte de la recherche d'anticorps responsables de l'immunité contre le SARS-Cov2 confirmeraient que même en ayant développé une forme légère de la COVID-19, les personnes infectées seraient capables de neutraliser l'agent pathogène . La question est : durant combien de temps ? 

Le 8ème avis du Conseil Scientifique datant du 27.07/20 fait apparaître :

Que dans plus de 99% des cas de patients pauci et asymptomatiques, l'évolution des taux d’anticorps (chez les sujets ayant eu une infection COVID-19 documentée), serait dirigée contre la protéine N (nucléoprotéine), la protéine S (Spike) ou le domaine RBD de la protéine S (Receptor Binding Domain).

Il apparaîtrait que ces anticorps orientés contre la protéine S et plus particulièrement le domaine RBD seraient potentiellement neutralisants, à la différence de ceux dirigés contre la N. Le délai d’apparition serait directement corrélé à la sévérité de la présentation clinique.

  • dans les formes les plus graves ils apparaîtraient dès le 5e jour, et auraient des capacités neutralisantes moins performantes que lors des immunisations observées pour les formes classiques avec montée plus tardive.
  • dans les formes pauci ou asymptomatiques, ils ne seraient parfois détectés qu'après 4 semaines.

 

Par ailleurs, il est relevé chez certains, une disparition de l'immunité en lien ou pas avec un phénomène connu « d’antibody waning ». Le niveau de la baisse ainsi que le rythme ne seraient pas bien connus, mais pourraient conduire à une absence de détection quelques semaines ou mois après une infection documentée par ERT-PCR.

Depuis peu, nous relevons dans la littérature, des cas de réinfections. Voir cet article du journal  "Le Monde" du 29.08.20.

CARACTÉRISTIQUES DU SYSTÈME IMMUNITAIRE :

Sauf immunodépression ou troubles de l'auto-immunité (pathologie auto-immune), notre système immunitaire est capable de différencier les éléments étrangers de nos propres molécules.

Chaque antigène possédant une structure moléculaire unique déclenchant la production d'anticorps spécifiques, notre démarche systémique sait reconnaître et combattre des millions d'agresseurs (antigènes). Une normo-immunité a bonne mémoire et est donc de nature à répondre rapidement et efficacement à une exposition ultérieure à un agresseur pathogène.

 

COMPOSITION DU SYSTÈME IMMUNITAIRE  :

  • cellules spécialisées dans la capture et le transport des antigènes vers les lymphocytes (cellules dendritiques),
  • cellules effectrices dont les macrophages qui éliminent les agents pathogènes,
  • lymphocytes récepteurs entrant dans la composition des leucocytes  synthétisés dans la moelle osseuse les lymphocytes B sont vecteurs de notre immunité humorale, les lymphocytes T, vecteurs de notre immunité cellulaire).

- la rate, l'organe lymphoïde qui assure plusieurs fonctions : elle stocke les lymphocytes et les monocytes, gère la présentation d'antigènes aux lymphocytes T et la différenciation des cellules mémoire, fixe les bactéries et les complexes anticorps-antigènes pour les éliminer et produire une quantité considérable d'IgM.

- enfin, les ganglions et autres tissus lymphatiques dans lesquels les cellules du tissu immunitaire interagissent avec les agents pathogènes qui pénètrent les organes lymphoïdes via les vaisseaux sanguins et les canaux lymphatiques. 

 

FONCTIONNEMENT DU SYSTÈME IMMUNITAIRE :

Pour assurer sa protection, le corps humain possède deux types de mécanismes de défense. L'immunité innée ou naturelle et l'immunité adaptative.

 

  • L'immunité naturelle : comprend 2 lignes de défense : 

- l'une externe permettant à notre organisme de contrer rapidement un agent pathogène. Il s'agit de la peau, des muqueuses, des secrétions comme le mucus, des larmes, de la salive, du suc gastrique.

- l'autre interne luttant contre la prolifération d'un agent infectieux ayant pénétré notre organisme. Il s'agit des macrophages neutrophiles, monocytes, cellules dendritiques et de plusieurs protéines (cytokines, interféron etc).

 

  • L'immunité adaptative : permet une protection plus tardive et en principe plus durable. 

A la suite de l’interaction entre un agent infectieux et l'immunité innée, l'immunité adaptative entre en action dans les tissus, notamment les ganglions et la rate. L'agent infectieux active les lymphocytes B lesquels deviennent alors des plasmocytes qui vont secréter des anticorps spécifiques pour destruction de l'antigène (immunité humorale).

 

L'antigène infecté est présenté aux lymphocytes T qui s'activent et se différencient :

- en lymphocytes T cytotoxiques (CD8+) qui détruisent les cellules infectées (immunité cellulaire)

- en lymphocytes T axillaires (CD4+) qui stimulent les lymphocytes B pour produire en grande quantité d'anticorps et de cellules mémoire qui se logeront dans la moelle épinière.

 

L'une des caractéristiques de l'immunité adaptative est la présence d'une mémoire immunitaire. Ceci signifie que lors d'un contact ultérieur avec un même agent infectieux, les cellules mémoires prolifèrent très rapidement et se différencient en 3 à 5  jours en plasmocytes producteurs de taux élevés d'anticorps ou en lymphocytes T cytotoxiques éboueurs.

 

IMMUNITÉ HUMORALE ET CELLULAIRE :

L'immunité adaptative entraîne deux types de réponses immunitaires : humorale et cellulaire. Cette distinction est primordiale pour l'évaluation de la réponse après vaccination. Toutefois, il est prouvé que la plupart des antigènes et des vaccins stimulent à la fois les lymphocytes B et les lymphocytes T et que ces deux réponses sont liées.

 

L'immunité humorale : 

Elle est assurée par la production d'anticorps via les lymphocytes B mémoire et est dirigée vers les agents infectieux extracellulaires tels que les bactéries.

Les principaux anticorps sont :  

  •  les IgG dans le sang et les tissus
  • les IgM qui sont les premières à être fabriquées
  • les IgA dominantes sans les sécrétions extracellulaires
  • les IgA qui jouent un rôle dans les réactions allergiques
  • les IgD en faible quantité dans le sérum

La durée de vie des plasmocytes est limitée car ils ne se divisent plus après leur différenciation et  disparaissent donc progressivement. Il n'y a en ce cas, plus d'anticorps. la mesure des anticorps sériques en laboratoire (sérologie), permet donc de vérifier la réponse immunitaire humorale après vaccination.

 

L'immunité cellulaire :

Elle est assurée par les lymphocytes T et est principalement dirigée contre les agents infectieux intracellulaires tels que les virus. 

Après atteinte virale ou vaccinothérapie, les cellules mémoires dont la survie est prolongée sont réactivées lors d'un nouveau contact avec un antigène spécifique. De préciser que l'immunité cellulaire peut être protectrice, même en l'absence d'anticorps décelables mais est plus difficile à mesurer que l'immunité humorale.

 


Photo J.B. REECE et autres . Campbelle Biology
Photo J.B. REECE et autres . Campbelle Biology

Immunité active et passive

Comme vu plus haut, l'immunisation permet au corps humain les moyens de se défendre contre une infection biologique.

 

L'immunisation active consiste à stimuler le système immunitaire par un vaccin contrôlé. La mémoire immunitaire induite doit être réactivée de temps en temps (rappel). Après une vaccinothérapie qui  consiste à injecter tout ou partie d'un l'agent infectieux rendu inoffensif, notre organisme apprend à le reconnaître et se prépare à s'en défendre en cas de contact ultérieur. En cliquant sur le lien ici : plus d'informations sur les vaccins

 

L'immunisation passive consiste à transférer des anticorps (immunoglobulines), d'un sujet immunisé vers un receveur qui ne l'est pas. Elle peut être naturelle : de la mère vers l'enfant (via le placenta ou le lait maternel), ou artificielle vers un sujet immunodéficient ou si face à un pathogène, un vaccin n'existe pas.

Cette pratique comporte certains risques, notamment des réactions immunitaires de type allergie ou choc anaphylactique, formation de complexes immuns pathologiques (lupus érythémateux disséminé, glomérulonéphrite, infections parasitaires, bactériennes et virales), et hypersensibilité type III responsable de vascularite, pneumopathie, de polyarthrite rhumatoïde, de cryoglobulinémie, 

 

En résumé, la figure qui suit, montre le lien entre les immunités innée et adaptative, cellulaire et humorale, active et passive. (figure adaptée de BC centre for disease) Manuel sur l'immunité. 

 


Figure BC centre for disease
Figure BC centre for disease

Pour Conclure sur cette complexité immunitaire, où en sommes-nous ? 

Les études font apparaître que : 

 

L'immunité humorale contre le SARS-CoV-2 est proportionnelle à la gravité de la maladie et semble diminuer rapidement. Sa persistance, également proportionnelle à la sévérité des symptômes, est d'au moins 3 mois, peut-être de 6 à 12 mois ?

L'immunité cellulaire contre le SARS-CoV-2 pourrait persister plus longtemps, si l'on en croit les données disponibles sur le SARS-CoV-1 et le MERS-CoV, et au vu de l'apparition de cellules souches mémoire, connues pour persister plusieurs années. Elle pourrait assurer une protection partielle contre les réinfections.

La dynamique de disparition des anticorps contre le SARS-CoV-2 épouserait celle des anticorps contre les HCoV, ce qui pourrait suggérer, une fois la phase primaire de la pandémie achevée, une cyclicité de la COVID-19 tous les 3 ans environ, avec de possibles réinfections plus précoces (12 mois).

Chez les patients pauci-symptomatiques, on peut observer une réponse humorale moins intense et probablement moins persistante, une réponse locale (IgA), une réponse cellulaire, et aussi parfois une absence de signes de réponse humorale (séronégativité) en présence d'une immunité cellulaire.

Chez les patients asymptomatiques, il peut y avoir une réponse humorale plutôt fugace, voire indétectable, une réponse cellulaire de durée indéterminée et/ou une réponse locale (IgA), les deux dernières pouvant être présentes en l'absence de signes d'immunité humorale.

La présence d'une immunité cellulaire et locale robuste, en l'absence d'anticorps circulants, rend plus complexe la mesure de l'immunité de groupe. Celle-ci pourrait se situer autour de 70 % de la population générale.

Pour l'instant, aucun signe ne suggère un rôle protecteur de l'immunité humorale croisée avec les HCoV.

 

Ces éléments sont importants à garder à l'esprit pour prédire et surveiller l'évolution pandémique de la COVID-19. Ils le sont également dans la conception d'une stratégie vaccinale. Il est essentiel que celle-ci fasse levier de la persistance plus importante de l'immunité cellulaire (et de son absence d'effet facilitant), même si les données laissent penser que cette immunité ne suffit pas, à elle seule, à prévenir une (ré)infection, probablement moins sévère que la primo-infection.

 

Dans la pratique de la médecine générale, ces nouvelles données sont peut-être à retenir pour informer un patient qui, ayant présenté des signes caractéristiques de la COVID-19 (anosmie-agueusie, par exemple), est étonné d'une sérologie négative. Si une sérologie positive signe l'infection, une sérologie négative ne l'exclut pas : selon une étude suédoise, la moitié des personnes présentant une immunité cellulaire sont séronégatives.

 

Stratégie des vaccins, classiques et à ADN ou ARN

Depuis que les autorités chinoises ont partagé la séquence génétique du SARS-CoV-2, la course au vaccin est donc lancée et parmi les entreprises, une dizaine ont choisi une approche innovante avec des options constituées d'ADN ou d'ARN, qui n'ont jamais été testées sur l'homme.

 

Avec près de 200 projets de candidats-vaccins en cours, c'est peu dire que le monde de la recherche s'est lancé à l'assaut du coronavirus avec pour objectif, comme pour tous les vaccins préventifs, la prémunition contre l'infection et d'enrayement de la maladie.

 

Pour ce faire, notre organisme doit apprendre à reconnaître son futur ennemi grâce à un leurre lui permettant d'identifier et combattre rapidement la menace.

Tous les projets n'ont pas adopté la même stratégie :

 

  • La plus ancienne :  celle mise au point par Louis Pasteur au XIXe siècle, utilisée dans la vaccination antigrippale par ex, consiste à injecter le virus ciblé, dont la virulence sera soit atténuée, soit totalement éteinte. Bien connus, ces vaccins peuvent cependant augmenter chez une minorité de personnes le risque d'infection par un phénomène connu sous le nom de "facilitation d'infection par les anticorps". Ces derniers se lient au virus ou facilitent sa réplication. Cette complication s'est déjà produite dans les années 2000 avec les vaccins développés contre d'autres coronavirus, le SRAS et le MERS. Ce n'est donc pas cette approche suivie notamment par l'entreprise chinoise Simovac et le Serum Institute indien qui sera la plus efficace contre le SARS-CoV2.
  • la deuxième : privilégiée notamment par les français Sanofi et Pasteur ainsi que par le britannique GSK consiste à inoculer des fragments de virus, soit les protéines contre lesquelles le système immunitaire va réagir. Ici il s'agit comme nous l'avons vu plus haut, de la protéine de surface Spike ou protéine S, celle qui sert d'ancre au virus pour s'accrocher aux cellules. Cette technologie est retrouvée dans le vaccin contre le papillomavirus et l'hépatite B.

Cependant fabriquer industriellement une protéine ayant une bonne forme tridimensionnelle reste une démarche extrêmement délicate.

  • La troisième utilise un virus recombinant de type adénovirus, afin d'amener l'ADN codant la protéine S comme dans le vaccin contre le virus Ebola. 
  • La quatrième et la plus récente, celle des vaccins à ADN ou ARN qui, selon le Dr  Bruno Pitard, Directeur de recherche au CNRS (cancérologie et immunologie Nantes-Angers), part de cette réflexion : "pourquoi ne pas faire produire les protéines immunogènes par l'organisme de la personne à vacciner plutôt que de les obtenir dans d'immenses fermenteurs de 1 000 litres avec le risque d'erreur de  confrontation que cela comporte ? Les cellules ont en effet, la capacité d'en fabriquer avec la forme exacte recherchée, pour peu qu'on leur fournisse le fragment du génome du virus codant l'antigène d'intérêt". 

 

Le Génie génétique éloigné des approches traditionnelles, accélère donc la mise au point d'un vaccin et une dizaine d'entreprises ont donc choisi de tenter des approches avec des candidats constitués soit d'ADN soit d'ARN, les plus avancés étant les américains Inovio Pharmaceuticals (spécialiste des traitements à ADN) et Moderna Therapeutics, (spécialiste des sciences ARNm) sans oublier AstraZeneca groupe biopharmaceutique dont la science est dans son ADN et Johnson and Johnson avec son milliard de dollars sur la table et l'annonce de volonté de diffusion début 2021, délai extrêmement court quand on sait  que concernant le vaccin contre le virus Ebola qui a lui même fait l'objet d'une procédure accélérée, il a fallu 5 ans pour atteindre le stade de la procédure préclinique. Concernant J&J, une étude indique que son expérimentation vaccinale contre le SARS-coV-2, en dose unique dans le cadre préclinique, déclenche une forte réponse immunitaire. Ces données sont publiées dans la revue "nature"

 

Dans le cas COVID-19, ces ADN viraux (ou ARN, les uns décrivant les autres) injectés, codent ainsi la protéine Spike de surface du virus bien qu'étant chargés d'une autre mission en l’occurrence  stimuler l'immunité innée expliquée plus haut, à savoir déclencher un signale de danger à l'organisme.

Comparés aux vaccins traditionnels, ceux à ARN/ADN présenteraient certains avantages  : ils seraient stables à température ambiante et n'auraient pas besoin de chaîne de froid, ces molécules seraient plus faciles à produire que des organismes vivants ou semi-vivants. Est-ce pour ces raisons que cette stratégie vaccinale doit attirer l'attention ? Les tests ont débuté alors qu'il s'écoule habituellement entre 5 et 30 ans (10 à 15 ans en moyenne), entre la mise au point et la commercialisation. Pour information, le vaccin contre la dengue a nécessité plusieurs décennies, idem la grippe saisonnière. L'urgence sanitaire a t'elle précipité la dynamique ?

Nous l'avons vu, les tests sur l'humain sont en cours et les résultats des premiers vaccins ADN/ARN sont très attendus même s'ils n'ont encore jamais été commercialisés. Du jamais vu en matière de recherche vaccinale ! Plusieurs vaccins à ARN ont été testés sur notre espèce par la passé mais aucun n'a dépassé les phases cliniques (phase 3). Quant aux vaccins à ADN, il en existe trois commercialisés pour des animaux : les saumons d'élevage, afin de les préserver d'une maladie du pancréas, les  poulets pour qu'ils ne développent pas la grippe aviaire et les chiens pour les prémunir d'un cancer buccal. Est-ce ici une rampe de lancement pour les vaccins du futur ?

 

Dans l'urgence, la recherche ne brûle t'elle pas les étapes ? Voici quel est habituellement le calendrier de recherche vaccinale :

- 1 : identifier la cible du vaccin, soit le virus, mais plus spécifiquement ses antigènes qui déclenchent une réponse immunitaire. Cette étape franchie, la recherche peut commencer.

- 2 : études précliniques sur des cultures cellulaires, puis sur des animaux (entre 1 et 5 ans)

- 3 : développement clinique en trois temps et d'une durée d'environ 5 ans : première phase de test du vaccin sur moins de 100 personnes, deuxième phase de test sur plusieurs centaines, troisième phase sur plusieurs milliers.

- 4 : demande d'approbation du produit aux autorités sanitaires avant début d'une production de masse et de distribution aux populations.

 

Parmi les différentes stratégies, c'est le vaccin dit à ARN messager (article science et vie du 08.0420) qui fait la course en tête et un candidat a été mis au point en quelques semaines par les américains de la Biotech Moderna. Il consiste à injecter comme nous l'avons vu plus haut, un fragment du code génétique du virus pour générer une réponse immunitaire. Moderna  a débuté les tests sur l'humain sans passage en phase 2. 

 

Face à l'urgence sanitaire, la recherche d'un vaccin contre COVID-19 a bouleversé le dogme en passant directement de la phase 1 à la phase 3 (pas d'étude sur les animaux). Ces techniques d'un développement très rapide n'ont jamais été déployées sur l'humain et en cas de succès accéléré en phase préclinique, 8 à 10 mois d'essais cliniques seraient à minima nécessaires pour obtention de données solides et commercialisation. Cependant certains ont envisagé des procédures de validation allégée et donc plus risquées.

 

Selon l'OMS, une dizaine de vaccins sont entrés en phase 3 dont celui du groupe pharmaceutique AstraZeneca, collaborateur de l'Université d'Oxford.

 

Après vente de millions de doses et promesse de résultats pour septembre 2020, les essais en procédure de phase 3 ont été mis en marge de la course vaccinale durant 3 jours, du 09.09.20 au 12.09.20, pour évaluation des données de sécurité, demandée à un comité indépendant en raison d'un événement inattendu survenu dans le cadre des essais cliniques randomisés mondiaux.

 

En effet, un patient britannique souffrirait d'une myélite transverse correspondant à un syndrome neurologique responsable d'une inflammation de la moelle épinière pouvant survenir au décours d'une infection virale ; mais il pourrait aussi s'agir d'une réaction à l'adénovirus de chimpanzé modifié, utilisé dans le vaccin. Peu de détails filtrent pour l'instant si ce n'est que le Comité a achevé son enquête en 3 jours et que les essais ont repris avec le feu vert des autorités. 

 

Nous nous interrogeons sur les modalités de reprise de tests interrompus dans le cadre d'une recherche vaccinale. En effet, habituellement une telle suspension, même si elle ne signifie pas qu'un vaccin est hors course, (car il est normal de remarquer des réactions qui ne sont pas nécessairement provoquées par la prophylaxie vaccinale, notamment lorsque qu'il y a un élargissement de la stratégie participative thérapeutique), prend, au cours d'un processus normalement codifié, entre 6 et 8 mois, temps nécessaire pour comprendre s'il y a un rapport de causalité entre l'effet indésirable et le vaccin.

 

La pression politique aura donc raccourci le mécanisme de sécurité. Cependant, ce vaccin est considéré comme efficacement testé.

 

Nous avons vu plus haut que tous les candidats vaccins ne sont pas basés sur la même technologie. Celle du groupe pharmaceutique AstraZeneca et de l'Université d'Oxford utilise un virus atténué et génétiquement manipulé pour exprimer la protéine Spike ou S qui permet au SARS-Cov-2 de pénétrer dans les cellules. 

 

Dans la course effrénée, ce vaccin dont les études sont jugées rigoureuses, a un temps d'avance sur ses concurrents. En effet, Il est en pole position depuis le 23 avril 2020, date des débuts de tests de phase 1 où 1 100 personnes ont été recrutées au Royaume Uni. En phase 2 : 10 260 personnes ont été testées . Une phase 3 sur un plus large échantillon a été lancée dans trois autres pays : 5 000 personnes au Brésil et 2 000 en Afrique du Sud (dont premières vaccinations depuis juillet 2020), 30 000 aux Etats Unis depuis le 31.08.20 selon le site the conversation 

 

Précommandes  : 30 millions par le gouvernement britannique, 300 millions avec option d'achat de 100 millions de doses supplémentaires pour l'Europe, 300 millions de la coalition CEPI, 100 millions de la part du Brésil, 300 millions de la part des Etats Unis. 

 

Les Etats américains sont sommés d'être prêts ! Les autorités sanitaires demandent que les centres de distribution soient totalement opérationnels en vue d'un déploiement à grande échelle à compter du 01.10.20

 

En supplément, les autorités de Moscou ont annoncé le 09.09.20 avoir débuté les tests du vaccin russe sur 40 000 habitants de la capitale. Or un article publié dans la revue nature le 15.09.20 fait état de données douteuses dans les résultats/test du vaccin Spoutnick. Les essais ont testé deux vaccins à vecteur viral différents qui utilisent des adénovirus légèrement modifiés.

 

Dans une lettre ouverte datée du 07.09.20 adressée aux auteurs de l'étude publiée ici dans "the lancet", des chercheurs se sont déclarés préoccupés par les modèles répétitifs de données dans un article décrivant les essais cliniques de phase précoce du vaccin russe, approuvé pour une utilisation généralisée et réclament une enquête approfondie. Les valeurs seraient dupliquées et l'article ne présenterait ses résultats que sous forme de "boite à moustaches" sans ventilation détaillée.

 

En revanche, les études cliniques impliquant le leader AstraZeneca et l'Université d'Oxford sont accompagnées d'une grande quantité de données que beaucoup de chercheurs ont pu étudier.

 

La course pour un vaccin s'accélère ! Si les espoirs sont nombreux, les écueils le sont tout autant et comme pour les traitements, il faut se méfier des effets d'annonces intempestifs sur le succès fracassant de telle ou telle formule vaccinale et ne pas confondre communication et science ! 

 

Annoncer tambour battant des résultats,

c'est vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

Spoutnik V est lancé !

Va t'il sans préparation remplir sa mission 

avant de se désintégrer dans l'atmosphère ou allons nous finir en orbite ?

 

En cas de préjudice lié à un vaccin :

les procédures pour la France sont ici 

les différentes étapes vaccinales habituelles sont ici 

 

LIEN IMPORTANT OMS :

https://www.who.int/fr/news-room/detail/24-08-2020-172-countries-and-multiple-candidate-vaccines-engaged-in-covid-19-vaccine-global-access-facility 

 

 https://www.revmed.ch/RMS/2020/RMS-N-703/COVID-19-se-preparer-a-l-arrivee-des-premiers-vaccins

 

photo sciences et avenir approche vaccinale
photo sciences et avenir approche vaccinale

Article rédigé pour l'UPGCS par Mesdames Elise  Carboullec et Annie Notelet 

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Réinfections COVID-19
https://academic.oup.com/cid/advance-article/doi/10.1093/cid/ciaa1275/5897019?searchresult=1
réinfections covid-19.pdf
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HAS STRATÉGIE DE VACCINATION CONTRE COVID-19
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2020-07/rapport_strategie_vaccination_covid_19_vf.pdf
rapport_strategie_vaccination_covid_19_v
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PRÉSENTATION ANIMÉE D'UNE RÉACTION INFLAMMATOIRE.
Source : https://www.reseau-canope.fr/corpus/
la_reaction_inflammatoire-HD.mp4
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PRÉSENTATION ANIMÉE DE L’IMMUNITÉ ADAPTATIVE
https://cdn.reseau-canope.fr/medias/corpus/imun_adapt-HD.mp4
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LA MÉMOIRE IMMUNITAIRE
https://www.reseau-canope.fr/corpus/video/la-memoire-immunitaire-44.html
la_memoire_immunitaire-HD.mp4
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LES MALADIES ÉMERGENTES
https://www.reseau-canope.fr/corpus/video/les-maladies-emergentes-53
nouvelles_maladies-HD.mp4
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STRATÉGIE DE VACCINATION CONTRE LE SARS-CoV-2 AVIS DU COMITÉ SCIENTIFIQUE DU 9 JUILLET 2020
https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_vaccins_9_juillet_2020_-_care_-_conseil_scientifique_-_comite_vaccin.pdf
avis_vaccins_9_juillet_2020_-_care_-_con
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AVIS DU CONSEIL SCIENTIFIQUE DU 27.07.20
Page 38 : stratégies vaccinales.
avis_conseil_scientifique_27_juillet_202
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SE PRÉPARER À L'ARRIVÉE DES PREMIERS VACCINS
Par le Dr Jean -Yves Nau, journaliste de santé publique
Stratégies vaccinales.pdf
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Pour aller plus loin et sources :

Dosage sérologiques pour l'identification retardée des cas de SRAS-CoV-2 - the lancet

 

INSERM : évaluation de la performance de plusieurs test sérologiques de détection d'anticorps 

 

3 L'étude parue dans Nature sur la réponse humorale après une COVID-19

Robbiani DF, Gaebler C, Muecksch F et al. Convergent antibody responses to SARS-CoV-2 in convalescent individuals. Nature, 12 juin 2020.

 

4 L'étude du King's College sur la persistance des anticorps contre SARS-CoV-2

Seow J, Graham C, Merrick B et al. Longitudinal evaluation and decline of antibody responses in SARS-CoV-2 infection. medRxiv, 11 juillet 2020.

 

5 L'étude du Mount Sinai Hospital sur la persistance des anticorps contre SARS-CoV-2

Wajnberg A, Amanat F, Firpo A et al. SARS-CoV-2 infection induces robust, neutralizing antibody responses that are stable for at least three months. medRxiv, 17 juillet 2020.

 

6 et 7Deux études sur la persistance des anticorps dans le SRAS et le MERS

Tang F, Quan Y, Xin ZT et al. Lack of Peripheral Memory B Cell Responses in Recovered Patients with Severe Acute Respiratory Syndrome: A Six-Year Follow-Up Study. The Journal of Immunology, 2011, 186: 7264–7268.

 

8 Okba NMA, Raj VS et Haagmans BL. Middle East respiratory syndrome coronavirus vaccines: current status and novel approaches. Curr Opin Virol. 2017 Apr; 23: 49–58.

 

9 L'étude néerlandaise sur la persistance de l'immunité humorale contre les HCoV

Edridge AWD, Kaczorowska JM, Hoste ACR et al. Coronavirus protective immunity is short-lasting. medRxiv, 16 juin 2020.

 

10 La modélisation du rythme de réinfection par les HCoV et de l'évolution de la pandémie de COVID-19

Kissler SM, Tedijanto C, Goldstein E et al. Projecting the transmission dynamics of SARS-CoV-2 through the postpandemic period. Science, 14 avril 2020.

 

11 Les études sur la réinfection expérimentale par 229E :

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2129501/

 

12 Callow KA. Effect of specific humoral immunity and some non-specific factors on resistance of volunteers to respiratory coronavirus infection. J Hyg (Lond). 1985 Aug;95(1):173-89.

 

13 Callow KA, Parry HF, Sergeant M, Tyrrell DA. The time course of the immune response to experimental coronavirus infection of man Epidemiol Infect. 1990 Oct;105(2):435-46.

 

14 Reed SE. The behaviour of recent isolates of human respiratory coronavirus in vitro and in volunteers: evidence of heterogeneity among 229E-related strains. J Med Virol. 1984;13(2):179-92.

 

Les études sur l'existence d'une immunité cellulaire chez des personnes séronégatives :

 

15 L'étude californienne : 

Grifoni A, Weiskopf D, Ramirez SI et al. Targets of T Cell Responses to SARS-CoV-2 Coronavirus in Humans with COVID-19 Disease and Unexposed Individuals. Cell, Volume 181, Issue 7, pp. 1489-1501, 25 juin 2020.

 

16 L'étude française

Gallais F, Velay A, Wendling MJ et al. Intrafamilial Exposure to SARS-CoV-2 Induces Cellular Immune Response without Seroconversion. medRxiv, 22 juin 2020.

 

17 L'étude suédoise

Sekine T, Perez-Potti A, Rivera-Ballesteros O et al. Robust T cell immunity in convalescent individuals with asymptomatic or mild COVID-19. bioRxiv, 29 juin 2020.

 

Les articles sur la persistance et l'efficacité de la réponse cellulaire dans le SRAS :

 

18 Le Bert N, Tan AT, Kunasegaran K et al. Different pattern of pre-existing SARS-COV-2 specific T cell immunity in SARS-recovered and uninfected individuals. bioRxiv, 26 mai 2020.

 

19 Channappanavar R, Fett C, Zhao J et al. Virus-Specific Memory CD8 T Cells Provide Substantial Protection from Lethal Severe Acute Respiratory Syndrome Coronavirus Infection. J Virol. 2014 Oct; 88(19): 11034–11044.

 

L'étude de l'hôpital Necker sur l'immunité croisée des enfants : 

 

20 Sermet-Gaudelus I, Temmam S, Huon C et al. Prior infection by seasonal coronaviruses does not prevent SARS-CoV-2 infection and associated Multisystem Inflammatory Syndrome in children. medRxiv, 30 juin 2020.

 

Les articles sur la séroprévalence en France et à New York :

 

21 Santé Publique France :Stadlbauer D, Tan J, Jiang K et al. Seroconversion of a city: Longitudinal monitoring of SARS-CoV-2 seroprevalence in New York City. medRxiv, 29 juin 2020.

 

Rosenberg ES, Tesoriero JM, Rosenthal EM et al. Cumulative incidence and diagnosis of SARS-CoV-2 infection in New York. medRxiv, 29 mai 2020.

 

22 La modélisation de la séroprévalence en France par l'Institut Pasteur

 Salje H, Tran Kiem C, Lefrancq N et al. Estimating the burden of SARS-CoV-2 in France. Science, 10 Jul 2020:Vol. 369, Issue 6500, pp. 208-211.

 

23 Sur les prédictions d'une immunité de groupe autour de 70 % :

Kwok KO, Lai F, Wei WI et al. Herd immunity -estimating the level required to halt the COVID-19 epidemics in affected countries. J Infect, 18 mars 2020.

 

24 L'étude sur la réaction immunitaire innée dans la COVID-19 :

 Blanco-Melo D, Nilsson-Payant BE, Liu WC et al. Imbalanced Host Response to SARS-CoV-2 Drives Development of COVID-19. Cell. 2020 May 28; 181(5): 1036–1045.

 

25 L'étude Inserm/AP-HP sur le profil immunitaire des personnes atteintes de formes sévères de COVID-19 : Hadjadj J, Yatim N, Barnabei L et al. Impaired type I interferon activity and inflammatory responses in severe COVID-19 patients. Science, 13 juillet 2020.

 

26 Persistance et efficacité des anticorps neutralisants contre le SARS-CoV-2 : état des connaissances et leçons des autres coronavirus humains. VIDAL News, 20 avril 2020.

 

27 Immunité croisée entre les coronavirus des rhumes et SARS-CoV-2 : la fin de la pandémie ? VIDAL News, 26 mai 2020.

 

28 Un virus (et des anticorps) bien… nez ! Actualités sur la pathogenèse de la COVID-19, VIDAL News, 23 juin 2020.

 

 29 Tests sérologiques de la COVID-19 : une interprétation pas si simple. VIDAL News, 7 juillet 2020.

 

 30 les vaccins anti-coronavirus dont le monde aura besoin si les coureurs de tête trébuchent 

 

31 les vaccins contre le coronavirus sautent à travers les essais de sécurité mais ce qui fonctionnera est supposé.

 

32 Ce que dit la réponse immunitaire au coronavirus, sur les perspectives d'un vaccin 

 

33 Les candidats de la course au vaccin : science avenir du 08.04.20 

 

34 Persistance et efficacité des anticorps neutralisants : vidal 20.04.20 : état des connaissances et leçon à retenir des autres covonavirus.

 

35 the lancet : centre de ressources COVID-19 

 

L'UPGCS remercie Madame Elise Carboullec pour son important travail de recherches, d'analyses et de synthèse.

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Commentaires: 1
  • #1

    Anne Dugué (mercredi, 23 septembre 2020 22:17)

    Bravo Annie et Élise.
    Et merci
    Anne