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Communiqué post 7ème comité de suivi Levothyrox

Après un comité de suivi, il faut reprendre la route du retour, et en ces temps de conflits sociaux, quelque soit le moyen de locomotion choisi, les déplacements sont compliqués et longs. 

Il est donc difficile de pouvoir communiquer immédiatement du contenu de la réunion malgré son importance et l'intérêt que nous lui portons. 

 

Bien sûr à l'arrivée on découvre un tas de communiqués écrits rapidement pour faire le buzz sur les réseaux ! 

 

Nos deux représentantes au comité Elise Carboullec et Annie Notelet se sont interrogées sur le choix de cette nécessité de communication hâtive ou celui de l'analyse pour mettre en ligne des informations de fonds sur ce scandale Levothyrox. 

Le communiqué de presse de la DGS

Ce communiqué répondait à une question de l'AFP sur l'arrêt de l'Euthyrox, ce n'est nullement  un compte-rendu exhaustif de la réunion ! C’est très différent car l'ordre du jour de la réunion ne se limitait pas à ça !

La fin de mise à disposition de l'euthyrox est-elle un scoop ?

Non puisqu’on savait dès 2017, que sa mise sur le marché était une mesure transitoire d’adaptation et quant aux dates de fin de production, nous avions interrogé le laboratoire par mail et lors d’un entretien téléphonique en septembre, pour vous apporter une information contrôlée et vous accompagner au mieux dans votre suivi. 

https://www.upgcs.org/2019/09/19/crise-sanitaire-du-levothyrox-une-prise-en-charge-des-malades-plus-encadr%C3%A9e-avec-la-disparition-programm%C3%A9e-de-l-euthyrox-au-lactose/

L'UPGCS valide-t-elle la disparition de la dernière formule au lactose ?

Non bien sûr, nous avons tous été victimes et otages d’une opération qui ne visait qu’à préserver le droit de Merck sur un brevet qui tombait dans le domaine public. C'est justement la raison de la mise en place de notre association ! 

 

Le laboratoire dit: "à la demande de l’ANSM", l’ANSM répond : « dans l’intérêt des patients, l’ancienne formule n’était pas stable ».

 

 L'ancienne formule n'était pas stable en éprouvettes peut-être mais elle était efficace sur une majorité de patients. Nous reviendrons samedi lors de la conférence sur ce qui en faisait une formule plus adaptée, en raison de sa biodisponibilité inhérente au lactose justement ! 

https://www.upgcs.org/2019/12/07/la-prise-en-charge-des-maladies-thyro%C3%AFdiennes-en-france-un-impact-cons%C3%A9quent-sur-l-affaire-levothyrox/

Que faire face à cette situation ?

  • A) Obliger Merck à poursuivre sa production ?

Aucun juge ne pourra contraindre le laboratoire à poursuivre une production au lactose  pour laquelle tout a été mis en place depuis 2012 à échelle européenne pour passer à la nouvelle formule 

 https://www.upgcs.org/2019/10/01/a-l-heure-de-l-ouverture-du-proc%C3%A8s-du-m%C3%A9diator-il-convenait-de-faire-le-point-sur-l-int%C3%A9r%C3%AAt-du-p%C3%A9nal-dans-l-affaire-du-scandale-sanitaire-levothyrox/

 

  • B) Réquisitionner le brevet pour le faire fabriquer par un autre laboratoire ?

 Oui c’est juridiquement possible mais cela suppose de trouver un laboratoire intéressé par la production d’une formule sous contraintes de stabilité resserrées à 95/105 donc avec un maximum de difficultés qui ne les intéresse pas sur un plan économique.

 

Pour cela aussi nous en avons questionné plusieurs  et les réponses sont identiques :

« techniquement et économiquement peu réalisables et cela demanderait plus de 5 ans de mise en œuvre après décision ». Quel intérêt pour les malades ? 

 

  • C)Demander l’importation de la formule au lactose produite pour la Chine, L’Amérique du Sud ou l’Amérique centrale ? 

Oui c’est possible mais en sachant que ces formules arriveront de lieux de production différents donc ne seront pas strictement bioéquivalentes à l’ancienne, une équivalence totale ne pouvant être obtenue si on change l’unité de production !

 

Plus grave, elles ne seront plus produites avec un contrôle qualité à l’européenne mais sous les normes inhérentes à ces différents sites et surtout avec des molécules sans aucune traçabilité d’origine !

 

La non-fiabilité des molécules produites en dehors de l’Europe fait partie de nos observations depuis le début du scandale Levothyrox.

 

Où est la cohérence à l’avoir dénoncée pour finalement réclamer une formule produite en Chine ?

Pour l’UPGCS qui a inscrit la traçabilité dans ses objectifs c’est fondamentalement impossible ! 

 

  • D)Demander l’importation de la formule au lactose produite pour l’Italie, à Bourgoin-Jallieux: c’est une voie possible mais !

C’est une formule au lactose effectivement mais produite sur un lieu différent donc sensiblement différente en termes de BIO disponibilités chez le patient.

 

On évitera de tomber dans les termes de génériques qui ne veulent pas dire grand-chose quand on est conscient qu’une médicament subi moult transformations de sa formule après le dépôt de son brevet. C’était déjà le cas pour l’ancienne formule du Lévothyrox et sauf à alimenter les réseaux sociaux, ça n’a que peu d’intérêts là aussi.

 

Apprenons à parler "pharmaco cinétique" soit  biodispersion, biodisponibilité et bioéquivalence, nous serons tous plus efficaces !

 

Penchons nous sur la vie du médicament dans le corps humain et je vous invite pour ce faire à la conférence organisée par le pharmacien en pharmacovigilance Amine Umlil, au CTIAP de Cholet le 30 janvier prochain. (petit rappel, il est expert auprès de l’UPGCS).

https://www.upgcs.org/2019/12/17/l-aventure-du-m%C3%A9dicament-dans-le-corps-humain-une-conf%C3%A9rence-au-ctiap-de-cholet-pour-parler-de-biodisponibilit%C3%A9-et-de-m%C3%A9dicament-%C3%A0-marge-th%C3%A9rapeutique-%C3%A9troite/


La formule au lactose de Bourgoin-Jallieux , refusée par certains groupes, serait une option possible effectivement, si elle était pérenne, ce qu’il y a de moins évident puisque l’Italie négocie en ce moment son passage à la nouvelle formule avec le laboratoire Merck. (Élément confirmé dans notre entretien avec Madame  Valérie Leto et publié sur notre site en toute transparence).

 

Donc sauf à agir de suite et de manière unanime, cette option sera obsolète elle aussi ! 

 

  • E) Demander l’importation de la formule Takéda ?

Cette levothyroxine s’avère très proche de l’ancienne formule et des malades l’ayant choisie, s’en trouvent fort bien équilibrés (c’est le cas du Docteur Catherine Noël qui l’a évoqué en comité de suivi) Mais malheureusement, ce laboratoire donne peu de réponses positives à la DGS qui l’a contactée sur ce sujet.

 

La réorganisation interne de Takéda, plus orientée vers les produits pharmaceutiques sanguins, ne le pousse pas vers les spécialités de Levothyroxine malheureusement pour nous. 

 

  • F) Faire tomber le brevet de la nouvelle formule ?  Cette action juridique conduirait les 70/100 de malades sous cette formulation à subir à leur tour les effets d'un switch imposé !

https://www.upgcs.org/2019/12/14/pourquoi-une-action-en-nullit%C3%A9-du-brevet-de-la-nouvelle-formule-levothyrox-a-peu-de-chance-de-succ%C3%A8s-et-est-dangereuse/

Ce que les médias et les communiqués d'hier ne vous ont pas apporté comme informations.

Toutes ces informations  faisaient partie de la réflexion entreprise au comité de suivi du 8 janvier 2020 et était beaucoup plus intéressant qu’un scoop médiatique plus que réchauffé sur l’arrêt de l’Euthyrox qui de plus n’avait rien d’un scoop puisque cette information nous l’avions déjà !

 

Sauf à vouloir colporter des chimères, à leurrer des patients sur ce qui nous attend au final l’obligation de passer à une alternative ! 

 

La deuxième partie du comité de suivi portait sur la prise en charge des malades avant ce nouveau switch imposé par le laboratoire, avec la constitution d’une commission ad-hoc qui doit mettre en place un document d’encadrement.

 

Nous avons vu avec plaisir dans l’ébauche d'un document support rédigé par la Société d'endocrinologie, la redéfinition de la notion de personnes fragiles et une étendue des recommandations biologiques pour les dysthyroïdies majeures (demandes de l’UPGCS).

 

Nous ne communiquerons pas plus à ce stade sur ce sujet car il faut le travailler de concert avec tous les participants (Sociétés savantes et associations). 

 

Eviter de nouveaux effets lourds handicapants après un switch non préparé, anticiper n’est pas accepter ! C’est voir comment aider des malades pour leur éviter le pire et chercher l’interprétation d’une prétendue inconnue scientifique dont la réponse se trouve dans l’observation des effets secondaires et la pharmacocinétique de cette formule. 

 

Brailler sur les réseaux sociaux, répéter inlassablement depuis 2017 les mêmes constatations, le même dégoût justifié sur des décisions prises avant 2012, en quoi cela fera-t-il avancer les malades qui se plaignent du déni de leurs souffrances et d’une prise en charge mal adaptée qui n’a pas permis de les soulager !

 

L’option UPGCS est sur la prise en charge et sur la recherche de l’élément déclencheur de nos maux ! Nous respecterons les orientations choisies par les autres associations, par respect de celles-ci (respect que nous sommes en droit d’attendre en retour). Toutes les actions doivent être complémentaires et non pas opposées ! 

  

Essayons de sortir de cette ambiance délétère qui n’a participé qu’à enliser ce scandale et à envenimer le mal-être des malades victimes !!! 

 

L'UPGCS n'a pas pour objectif de pleurer ad vitam aeternam sur le lait répandu mais de faire en sorte de contibuer à élaborer des solutions de sortie par le haut dans l'intérêt des patients . 

 

Annie Notelet pour l'UPGCS 

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Commentaires: 6
  • #1

    Ann Duge (vendredi, 10 janvier 2020 03:53)

    Comme toujours , synthèse concise et très claire , à laquelle je souscris entièrement . Merci Annie

    Bon la colère et l'impatience qui s'expriment sur les réseaux peuvent se comprendre parfaitement , je trouve , par l'anxiété des malades dont la vie dépend entièrement de cette hormone .

  • #2

    galté péries (vendredi, 10 janvier 2020 07:57)

    bonjour
    l' eutyrox allemand , ou espagnol que j' ai essayé ne sont pas les mêmes que l' ancien lévotyrox , j' ai les mêmes problèmes : fatigue, insomnies, douleurs articulaire .
    je viens de passer aux t caps sachant que pour obtenir 63 la dose qui me correspond , j' ai besoin de 2 boites a 10 euros chacune
    si ce produit n' est pas remboursé je ne pourrai financièrement pas le prendre :

  • #3

    ipsa (vendredi, 10 janvier 2020 08:12)

    Chère UPGCS, vous écrivez "L'ancienne formule n'était pas stable en éprouvettes".

    Sur quelle étude vous basez-vous pour aller dans le sens de Merck et affirmer ça ?

    La nouvelle formule prétend avoir amélioré sa stabilité dans le comprimé (la puissance), pas dans le sang (la bioéquivalence).

    Or à ma connaissance, tout ce que Merck a présenté est une étude de bioéquivalence.

    Si l'UPGCS a eu accès à l'étude démontrant la moindre stabilité de la teneur en lévothyroxine des comprimés, merci de la partager.

    S'il s'agissait d'une moindre teneur durant le temps de stockage, ne suffisait-il pas de le limiter ? S'il s'agissait d'une moindre teneur à péremption, ne suffisait-il pas de la réduire ? ... plutôt que changer une formule qui convenait à la quasi totalité des patients. Pour les autres, des alternatives auraient dû être proposées depuis longtemps.

    En vous priant de partager sur votre site l'étude de stabilité

  • #4

    UPGCS (vendredi, 10 janvier 2020 19:02)

    Chère Ipsa,

    Que l'ancienne formule soit moins stable que la nouvelle, n'est pas une déclaration de l'UPGCS mais une affirmation de l'ANSM et la justification dans leurs propos du changement de formule pour obtenir un taux de stabilité resserré à 95/105 au lieu de 90/110.
    La position de notre association est bien au contraire que même avec ce seuil de stabilité l'AF fonctionnait mieux!

    Il doit être possible effectivement de voir des publications sur l' ANSM concernant ces études de stabilité.

    Je vais être honnête, je ne les ai pas chercher car elles ne m'intéressent pas. Ce qui m'importe ce sont des essais cliniques sur le patient et là la biodisponibilité change, la NF n'apporte aucun bénéfice chez le patient et peut se révéler délétère chez un grand nombre en raisons d'interactions intra-individuelles.
    Ce qui est affolant c'est que cette partie des études est laissée de côté avant la mise sur le marché des patients !
    Nous reprendrons tout ceci après la conférence du 30 janvier à Cholet qui est justement destinée à différencier le médicament en terme de laboratoire et le médicament en terme de pharmaco-cinétique

  • #5

    ipsa (vendredi, 10 janvier 2020 20:50)

    Merci beaucoup de votre réponse.

    Je comprends et partage vos préoccupations concernant la biodisponibilité. La bioéquivalence était et reste démentie par la règle d'exception et la mention "non-substituable (MTE)".

    Quant à la réalité d'un "problème de stabilité" de la teneur en principe actif des comprimés qui aurait (malgré l'exception) motivé la substitution, elle interroge d'autant plus que :
    1) l'ansm nous a toujours refusé les dosages intermédiaires qui auraient pu nous offrir plus de stabilité et nous éviter d'alterner des comprimés de différente teneur (ex: 100 ug et 125 ug pour obtenir 112,5 ug).
    2) les comprimés n'étaient pas stockés ni proche de la péremption mais renouvelés chaque mois. Le risque d'une dégradation du principe actif dans le temps était donc a priori écarté.

    Merci de votre attention et de vos actions

  • #6

    Bernadette (samedi, 25 janvier 2020 18:26)

    Merci Annie,
    Ce sont des explications et mises au point très interressantes.
    Encore merci pour votre implication dans un parcours du combattant.